De l’usage de la métaphorisation en sciences humaines et sociales : analogie, détour et/ou détournement de sens. Réflexions épistémologiques à partir de quelques phénomènes sociolinguistiques perçus en Algérie.
DOI:
https://doi.org/10.54246/0g48d586الملخص
L’auteur tente de défendre l’idée que les usages métaphoriques sont certes d’une importance capitale dans le champ des sciences humaines et sociales (SHS). Il en prend pour exemple le champ de la sociolinguistique, discipline pleinement anthropolinguistique, pour explorer quelques métaphores y circulant et les soumettre à un questionnement épistémologique. Celui-ci permet de montrer, entre autres, que les déplacements de sens ne sont pas nécessairement salutaires et seraient même heuristiquement d’un certain risque de routinisation voire de dogmatisation si aucune entreprise de distanciation et de renouvèlement critique n’était menée pour filtrer justement les exercices analogiques de leur sédimentation conceptuelle.
Mots clés -
Métaphorisation - phénomènes sociolinguistiques - épistémologie – sens
المراجع
Ces observations ont été conduites dans le cadre de notre doctorat intitulé (Becetti, 2012) « approches sociolinguistiques des répertoires verbaux des jeunes algériens : pratiques et représentations » et dont s’inspirent en grande partie, les remarques de cet article.
On voit bien ici qu’on ne saurait échapper, en fait, à la métaphorisation non seulement en tant que procédé descriptif ou outil explicatif mais aussi en tant que procédé rhétorique puisqu’en l’évoquant, nous avons parlé du «contact », qui serait une autre métaphore qui circule dans le champ sociolinguistique, en particulier (cf. Tabouret-Keller, 2008).
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Cela même si l’on avait bien conscience que ces (variétés de) langues étaient en contact, générant des formes complexes, comme celles ayant été observées entre l’arabe dialectal et le français. D’où, d’ailleurs, notre prudence scrupuleuse à ne pas escamoter les phénomènes de contact qui en résultent en préférant les intégrer dans un couple variétal arabe dialectal/français, certes, ambigu, mais qui permet, en revanche, de référer justement aux mélanges qui se produisent.
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Une énumération des recherches qui traitent du CS serait, sans doute, ici de trop tant elles sont abondantes. La bibliographie qui figure en fin de cette recherche peut donner une idée de cette profusion scientifique sur la question.
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